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lundi 19 mars 2018

NOS ECRIVAINS ET LA CUISINE: LECTURES DE TEXTES A LA MAISON DE CHATEAUBRIAND.


Savez-vous que pour des petits groupes constitués, par exemple  d'une quinzaine de personnes, des conférencières attachées à la maison de Chateaubriand, à Châtenay-Malabry, proposent des lectures sur des thèmes à définir avec elles dans le cadre prestigieux de la bibliothèque de l'écrivain. Il peut s'agir bien sûr de passages d'œuvres de l'ancien hôte des lieux, mais pas exclusivement. Et certains textes sont issus d'ouvrages non réédités, mais qui font partie du fonds de la maison.

Samedi 17 mars 2018, nous avons pu assister à une de ces séances de lecture. Le thème proposé au groupe présent ce jour-là était : la gourmandise.
Des textes de Chateaubriand, Brillat-Savarin, Alexandre Dumas, Balzac, Victor Hugo étaient notamment au menu.

De l'essor de la gastronomie après la Révolution:
La conférencière proposa préalablement un intéressant exposé sur l'histoire de la cuisine. Saviez-vous  qu'en raison de l'exil des aristocrates à la fin du XVIIIe siècle, leurs anciens cuisiniers se mirent à ouvrir des restaurants, d'où un essor considérable de ceux-ci. On passa de 100 restaurants sous la Révolution à 600 sous l'Empire, et 3000 sous la Restauration...C'est de cette époque que date le grand Vefour, près du Palais-Royal, créé en 1784. D'abord café à la mode, il devint un restaurant coté en 1820; ou encore le café de la Paix (1822). Moins onéreux, naquirent aussi les "bouillons", comme celui créé en 1867 par le boucher Duval.On y servait du bœuf bouilli et de la tête de veau vinaigrette.
La bourgeoisie, nouvelle classe dirigeante après la Révolution, fit de la cuisine un signe de son rang social, recherchant les produits rares et chers, soignant la décoration , le service et le linge de table . Saviez-vous encore  qu'on a commencé à servir les plats successivement, ce qui n'était pas le cas jusqu'alors? Qu'on dînait vers 15-16h, avant de souper en fin de journée? Au début du XIXe siècle, se développa alors toute une littérature gastronomique: des guides parurent pour les dîneurs de Paris, le journalisme gastronomique prit son essor...Un magistrat, Brillat-Savarin fit paraître en 1825 sa "Physiologie du Goût" qui  devint la Bible des gastronomes...

Séance de lectures dans la bibliothèque.

D'un texte à l'autre...
Puis on en vint à la lecture des textes proprement dits. On apprit que Grimod de la Reynière (1758-1837), auteur de l' Almanach des Gourmands, considérait que la verdure ne sert qu'à se rincer les dents, et que l'essentiel de la gastronomie est dans l' accommodation des viandes... Chateaubriand soignait ses banquets officiels, comme ambassadeur à Londres,  et on doit à son excellent cuisinier le pudding à la diplomate. Il n'est pas sûr que ce soit ce dernier qui ait conçu le "steak Chateaubriand", d'après d'autres sources il serait lié à la ville du même nom. Chez sa maîtresse Pauline de Beaumont, on servait la matelote d'anguilles - poisson très pêché à Paris à l'époque, notamment près de l'actuelle gare d'Austerlitz! La friture de poissons était aussi très prisée. Céleste, l'épouse de notre auteur, réussissait bien le "gâteau de plomb". Elle aimait beaucoup le chocolat, et Victor Hugo lui en offrit pour gagner ses bonnes grâces... Grâce à un texte de Brillat-Savarin, on apprit tout sur l'histoire  et les mérites y compris médicaux du chocolat, venu d'Amérique et très en vogue dès le XVIIe siècle. Le "chocolat à l'ambre " faisait paraît-il des miracles chez les dépressifs...

Dans le cadre prestigieux et émouvant de la maison de Chateaubriand.

Alexandre Dumas, petit-fils d'aubergiste, avait été initié tôt à la cuisine, et était très fier de ses talents culinaires. Le poulet à la ficelle n'avait pas de secret pour lui. Il publia en 1870, peu avant sa mort, un grand dictionnaire de cuisine. Un de ses textes nous apprit comment organiser sa cave et bien conserver le vin. Saviez-vous que les Romains ajoutait du sucre dans le vin , où il avait un effet conservateur, mais le faisait ressembler à un sirop. Quant aux grecs, il avaient gardé une ancienne tradition consistant à y plonger des pommes de pin, ce qui  donnait à leur production un goût acceptable par eux seuls...Il paraît aussi que les espagnols enveloppaient le vin dans des peaux de bouc, ce qui lui donnait un goût infâme!
Balzac, dans la Rabouilleuse ou encore La vieille fille souligne les mérites de la cuisine de province par rapport à celle de Paris , où l'on ne mange que "du bout des dents"... Dans Le lys dans la vallée, il est question des "rillons de Tours" , "brune confiture" roborative : les camarades d'internat du héros jeune lui font honte de n'en pas avoir dans le colis reçu de ses parents...

Surprise de la Nature en ce 17 mars: bourgeons et flocons mêlés...


Ces lectures autour d'un thème s'avèrent très agréables, pleines de surprises amusantes. Si vous êtes intéressé(e) par ce type d'animation, surtout dans ce beau lieu qu'est le domaine de la Vallée aux Loups à Châtenay, voici les coordonnées de la maison de Chateaubriand:

Adresse : 87 Rue de Chateaubriand, 92290 Châtenay-Malabry.

Téléphone : 01 55 52 13 00

Pour bénéficier de ces séances, il vous suffit juste de constituer un groupe avec quelques amis.
Et , cerise sur le gâteau, il est possible après séance ou visite de prendre un thé ou un chocolat dans l'ancienne orangerie, transformée en un agréable salon de thé...

L'ancienne orangerie (salon de thé).

* EN SAVOIR PLUS sur la MAISON DE CHATEAUBRIAND:
cliquer sur ce lien: https://jmsattohurepoix.blogspot.com/2017/02/la-maison-de-chateaubriand-dans-le.html

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