correspondant agoravox

mardi 17 octobre 2017

QUAND LA GUERRE DES BOUTONS SEVISSAIT EN HUREPOIX...

Des sorties d'écoles aux bals de villages.
On se souvient du célèbre livre de Louis Pergaud, "La guerre des boutons", qui a donné lieu à plusieurs adaptations cinématographqiues : il retraçait les bagarres entre gamins de deux villages voisins du Jura, Longeverne et Velran. Il semble que les inimitiés et les rixes  entre jeunes de villages voisins était un phénomène largement répandu dans les campagnes de France, et le Hurepoix n'a pas échappé à la règle!
Dans leur livre sur Le folklore du Hurepoix (1937), Claude et Jacques Seignolle, qui ont enquêté sur le terrain, donnent des informations parfois amusantes. Par exemple à Massy, à la sortie des classes,"les gosses se rendaient au bord de la Bièvre se battre contre ceux de Verrières qui les attendaient de l'autre côté..la bataille commençait: c'était une pluie de pierres, de débris de toutes sortes, et quelquefois de tessons de bouteilles". Ces inimitiés persistent avec l'âge, et quand vient le temps des bals de village, les bagarres entre jeunes gens de communes voisines foisonnent!

Images du film: "La guerre des boutons", de Yann Samuel, d'après le livre de Louis Pergaud.

Par exemple , on apprend que "les gars de Marcoussis et de Janvry ne pouvaient pas se voir". les coups pleuvaient entre "les cochons de Marcoussis"(sic) et ceux de Janvry lors des fêtes ou des bals.
Ceux de La Celle les Bordes et de Clairefontaine s'étripaient aussi à l'issue des bals, pour des "histoires de filles". Ils se battaient dans les bois "à coup de bûches, de bâtons, ou de pierres".
Aujourd'hui, on a des bandes rivales venues des "quartiers" qui s'affrontent: rien de nouveau sous le soleil! Aux temps anciens, les gars de Grigny et de Ris Orangis, par exemple, passaient leur temps à en découdre! Idem pour ceux de Lisses et de Courcouronnes! Les jeunes des Molières "avaient fort à faire"en la matière, nous disent C et J Seignolle. Car il y avait déjà des inimitiés entre Les Molières, "les pantoufliers de Limours"(sic), et Briis; mais ils se battaient aussi avec ceux de Châteaufort, de Cernay la Ville, et de Saint-Rémy les Chevreuse!

Sobriquets en tous genres.
L'insulte fait partie de l'arsenal de ces affrontements, comme on le voit très bien dans le livre de Pergaud. Les combattants des divers villages s'affublaient notamment de divers sobriquets, que C et J Seignolle ont répertorié. Nous avons déjà cité "les cochons de Marcoussis"(on les appelait aussi "les Paresseux") et "les pantoufliers de Limours": cette dernière appellation vient du fait que " chaque fiancée fabriquait une paire de pantoufles à son futur mari". Ceux de Briis étaient appelés les Judassiens (parce qu'ils sont fourbes et faux)- sobriquet pas très sympathique et qui fleure bon l'antisémitisme. Citons aussi ceux d'Igny, surnommés les Juifs, parce qu'ils avaient assassiné leur seigneur au Moyen-Age (?), ou encore ceux de Bagneux... Il y en a de plus drôles: les culs fins (Bonnelles), les culs pelés (Champcueil), les Anes (Cheptainville, Ivry), les culs terreux (Orly), les Singes ou les Sauvages (Leuville), les Chiens (Ris Orangis, Linas), les Traîne -binette (Antony), les Ratapoils (Ballainvilliers), les Mangeux d'pierres à Cayenne (Palaiseau - beaucoup d'habitants avaient été déportées à la suite de la Commune en 1871), les Picotteux (Wissous -ils travaillent la terre

Bagarre entre bandes "des quartiers" aujourd'hui...Image internet.

comme des moineaux qui picottent du grain). Certains sobriquets semblent moins injurieux et s'appuient sur des carcatéristiques locales comme les Fraisuriens (Châtenay -on y cultivait surtout des fraises), les Patagons (Bullion -sobriquet revendiqué localement, une de leurs places s'appelle encore "place des Patagons"), les Moines (Longpont- où se trouve une célèbre abbaye), les Culbutants (Villejust - "parce qu'ils sont obligés de descendre- "culbuter"-pour aller dans les villages voisins"). Certains semblent même admiratifs comme les matois (Forges les Bains --parce que ce sont de solides gaillards"), les Durs-batteurs (Videlles) , ou même affectueux comme les Câlins (Avrainville, Massy)!Plus ambigu: les Innocents (Arpajon).On ne sait pourquoi les habitants de St Michel sur Orge étaient surnommés, eux, les Bédouins...
 Les sobriquets animaliers foisonnent : les canards (Gentilly), les loups (Egly, Essonnes), les fouines (Ollainville), les ours (Villaines), les mulots (Villejuif)...D'autres sobriquets semblent reliés à des anecdotes locales, comme les Grenouilleux (Fresnes): chez la mère Fifine, une société de bouchers parisiens  se livrait à une coutume curieuse que racontent C et J Seignolle: "Dans une soupière remplie de vin blanc, on mettait une grenouille vivante et chacun à tour de rôle buvait un verre de vin sans toucher à la grenouille. Celui qui buvait le dernier verre avait la grenouille, mais devait payer une tournée de champagne".

Source: Le folklore du Hurepoix de Claude et Jacques Seignolle .Editions G.P. Maisonneuve et Larose, Paris .1937, réédité en 1978.

                                 LES HABITANTS DE LA REGION TEMOIGNENT:

A la suite  de la publication  de cet article sur Facebook , des habitants de la région ont réagi. Nous avons recueilli leurs témoignages:

                                              . A propos des bagarres entre jeunes:

Si André ,"natif de Limours", n'a jamais connu de telles bagarres lors des bals qui avaient lieu tous les dimanches (apparemment les jeunes de Limours s'étaient assagis), d'autres  anciens du Hurepoix confirment que cela existait encore dans leur jeunesse ou du temps de leurs parents:
Daniel, de Verrières le Buisson, a bien connu les bagarres entre les gamins de Verrières et ceux de Massy  :" C' est bien vrai: on avait rendez vous au lac l' après midi".Yolaine ,elle , se rappelle que dans sa jeunesse, les affrontements étaient avec les gars de la Butte rouge de Châtenay-Malabry..
Alain , de Marcoussis, témoigne que dans les années 1965-70, les bagarres avaient encore lieu avec ceux de Janvry lors des bals. Et, ajoute-t-il :"  A l'époque de mon père, en 35 - 45, les gars de Marcoussis, c'était  contre La Ville du Bois. Montlhéry , c'était pas triste aussi!"
Madeleine , une autre habitante, se rappelle que c'étaient les gendarmes qui fermaient le bal de Montlhéry à cause des bagarres. Béatrice, elle, se rappelle les bagarres aux bals organisés "Chez Nicot" à Marcoussis avant 1965. Si cela s'est arrêté après 1970, Alain pense que c'est dû à la suppression des bals, remplacés par  des boites de nuit ou des dancings privés.

                     . A propos des sobriquets attribués aux habitants du village"ennemi":

* A propos du surnom des Fresnois: "les grenouilleux".
- Simone, habitante de Fresnes, confirme:"les Fresnois connaissent bien ce nom de grenouilleux, nous fêtons chaque année au printemps " la fête à la grenouille "; en effet, il y avait dans la Bièvre des grenouilles et quelques restaurants en étaient des spécialistes , les parisiens venaient en manger tout en profitant du lieu encore très bucolique. Il y a encore à Fresnes un restaurant "le red frog" qui cuisine des cuisses de grenouilles... mais elles ne proviennent plus de la Bièvre, cela vaut mieux!!"

A suivre...

(NOUS SOMMES PRENEURS DE TOUS TEMOIGNAGES ET ANECDOTES SUR LE SUJET: venez témoigner sur la page FACEBOOK: "J'AIME LE HUREPOIX"!)



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